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Par Cyrille Frank
1 mai · 4 mn à lire
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Evitement de l'info : 7 stratégies pour le contrer

On se détourne de plus en plus de l'actu trop déprimante, trop complexe... Un gros problème à la fois démocratique et économique pour les médias. Mais il y a des parades.

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Par Cyrille Frank, François Defossez, Laura Pironnet, Samy Snider, Orlane Tonani.

Bonjour les Médiaram’addicts,

L’évitement des news, on en parle depuis plusieurs années, notamment ici. Et le problème semble s’aggraver, à mesure que l’actu se fait plus angoissante, voire désespérante.

Le Reuters Institute s’est penché sur les solutions à ce problème mises en place à travers le monde. C’est notre focus de la semaine.

On accueille sous une avalanche délirante de bravos nos derniers lecteurs et lectrices de La Tribune, Moleculedramatique, MC2i, Lukid, Pomélo-media et tous les autres !

Bonne lecture :)

[L’équipe Médiarama]


🔎 Comment ré-intéresser ceux qui se détournent de l’actu ?

[Par Cyrille Frank, directeur de la formation/transformation numérique]

36% des personnes dans 46 pays évitent parfois ou régulièrement les nouvelles qu’elles trouvent déprimantes ou complexes, rapporte le Reuters Institute dans sa dernière étude. L’institut propose 7 stratégies pour contrer ce problème :

1. Restez simple, bref et utile. Pour Ros Atkins de la BBC, il faut utiliser des phrases courtes et réfléchir autant à ce qu’on coupe, qu'à ce qu’on garde. Ses vidéos sur le scandale Partygate sont un modèle de concision et de pédagogie sur des questions complexes. Autre exemple : la newsletter The Knowledge, résumé illustré et humoristique des nouvelles qui attire 125.000 lecteurs réguliers.

2. Produisez des histoires humaines puissantes : La Deutsche Welle a publié une vidéo incroyable montrant des secouristes ukrainiens après le tremblement de Terre en Turquie. Le New York Times a eu la même approche avec un article sur un club de natation israélo-palestinien.

3. Écoutez le public (puis agissez en conséquence). Lydia Polgreen du HuffPost a étudié ceux qui évitent les informations pour comprendre leur désintérêt. Elle a découvert que l’émotion, l’humour et l’empathie sont essentiels pour ce groupe. Schibsted lui a mis en place un labo d’étude des sceptiques radicaux : platistes, anti-vaccins etc. Pour écouter et comprendre sans complaisance, mais sans moquerie. Car, il y a des raisons de douter de l’information médiatique et des motifs de rejeter certains traitements

4. Prenez les communautés au sérieux et créez des salles de rédaction diversifiées : The City Newsroom à New York a envoyé des cartes postales pour toucher les gens non connectés. CBC/Radio-Canada a mis en place une stratégie (pdf) pour mieux inclure les autochtones (nations premières, inuits, métis…) dans le traitement des sujets qui les concerne (ex: la réconciliation)

5. Créez des formats plus attrayants. Le Monde a adopté des formats populaires sur TikTok pour attirer les jeunes. La chaîne allemande ARD Tagesschau a créé des vidéos mélangeant mèmes et informations, pour cibler les jeunes qui évitent les nouvelles.

6. Repensez la couverture politique (de manière constructive). ZDF en Allemagne avec son émission "13 Questions", aborde des questions potentiellement polarisantes, telles que l’interdiction ou non du parti d’extrême droite AfD, mais de manière non conflictuelle. Le podcast "The Rest is Politics" au Royaume-Uni adopte une approche similaire, en engageant les auditeurs de manière constructive.

7. Cherchez des solutions et cultivez l’espoir. La Rheinische Post en Allemagne par exemple, examine ce qu'on peut apprendre des autres villes pour résoudre des problèmes locaux. Alaina Wood utilise les réseaux sociaux pour combattre le pessimisme climatique et partage des nouvelles écologiques positives.

Il n’y a donc pas de solution unique pour lutter contre l'évitement de l'information. La combinaison de pratiques seule peut avoir un effet au long cours. Mais toutes montrent un changement de posture vis-à-vis des non-lecteurs que l’on va écouter et inclure davantage.

👉 (Re)-lire aussi : Sans communauté, votre contenu ne vaut rien


📊 Les chiffres qui comptent

Youtube est devenue la 1e destination d’écoute des podcasts pour 28% des auditeurs

La plateforme vidéo se placerait désormais devant Spotify (15%) et Apple (12%) comme diffuseur de podcasts aux Etats-Unis. Du moins, si l’on en croit l’étude Cumulus Media et Signal Hill (pdf) d’octobre 2023 mentionnée dans l’article de Davis-Julien Rahmil (l’ADN) : pour tenter de survivre, le podcast se met massivement à la video.

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