Médias et plateformes AI : une nouvelle laisse au licol ?
En vendant l'accès à leurs données à OpenAI et consort, les médias commettent une nouvelle erreur historique. C'est du moins l'avis de Frédéric Filloux.
Par Cyrille Frank, François Defossez, Laura Pironnet, Samy Snider, Orlane Tonani.
Bonjour à toutes et à tous,
La liste des médias s’allonge, qui annoncent un accord avec OpenAI pour l’accès à leur données en échange d’une redevance. Dans un billet cinglant - comme il les affectionne - Frédéric Filloux nous explique pourquoi c’est une grave erreur.
Bienvenue à nos derniers lecteurs et lectrices de La Dépêche, Agence Influence, Maddyness… et tous ceux et celles qui s’inscrivent via leurs comptes perso. Merci à tout le monde de nous lire chaque semaine (ou presque, on ne vous en veut pas) :)
Bonne lecture !
[L’équipe Médiarama]
🔎 Accords avec OpenAI : une nouvelle dépendance en vue des médias ?
[Par Cyrille Frank, directeur de la formation/transformation numérique]
A son tour, le Financial Times a annoncé qu’il allait vendre l’accès à ses données à OpenAI. Axel Springer avait initié le mouvement, suivi par l’agence Associated Press, Prisa (El Pais) puis Le Monde.
Pour Frédéric Filloux, les collaborations entre les médias et les plateformes d'intelligence artificielle sont une erreur majeure qui les met en danger à plusieurs titres :
• C’est une perte de contrôle sur leurs données
Les contrats signés par les médias avec des entités telles qu'OpenAI mettent en péril leur propriété intellectuelle sur leur flux d'informations et leurs archives.
En cédant leurs données de stock et de flux, les grands médias de qualité offrent sur un plateau l’une des rares choses que les opérateurs d’I.A. ne peuvent pas construire : la connaissance, la profondeur, le contexte, l’information actualisée en permanence. En un mot, le journalisme.
• C’est une menace à court terme sur leur modèle économique
👉 La 1e justification de ces accords serait les redevances attractives (on évoque plusieurs dizaines de millions d’euros pour les plus gros acteurs). Le problème : ces accords sont à court terme (deux ou trois ans).
La renégociation sera aussi difficile que celle actuellement en cours avec les Gafam et dont les conditions ne sont plus aussi attractives.
👉 La seconde raison invoquée est présence de liens qui renverront vers les sites d’info. Mais cet usage sera de plus en plus anecdotique.
Si on se base sur la proportion déclinante d’utilisateurs qui cliquent sur les “liens bleus” des pages de Google, cela sera insignifiant. Plus encore que pour Google Search, OpenAI ou les autres sont appelés à devenir des sites de destination qui suffiront au lecteur.
• Ce sont les bases d’une concurrence déloyale
Entre temps, les modèles auront appris. Ils sauront gérer, corréler, recouper les fameuses grounding data et réduiront leurs besoins. La fonction d’un modèle d’I.A. est d’apprendre et d’évoluer.
Les médias risquent ainsi de donner le moyen aux plateformes de produire des contenus comparables, voire supérieurs, sans supporter les coûts d’une rédaction.
C’est la répétition historique de l’erreur commise par les éditeurs de presse vis-à-vis de Google. Ces derniers ont accepté le référencement de leurs contenus en échange d’une manne publicitaire qui n’a cessé de décliner, au contraire.
L’alternative ?
Créer leur propre outil d’IA à partir d’une technologie open source, comme le projet Spinoza initié entre l’APIG et RSF. C’est à dire, faire front commun, plutôt que jouer sa carte personnelle.
Exploiter l’IA comme outils marketing pour permettre :
une super-individualisation de l’offre éditoriale, et un upselling, la possibilité de faire en sorte que l’abonné dépense plus que ses 100 ou 150 euros annuels
👉 Lire le billet complet de Frédéric Filloux
👉 (re)-lire : transformation numérique des médias : les 10 erreurs qui l’entravent
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📊 Les chiffres qui comptent
Journalistes : 40% abandonnent le métier après 7 ans
C’est ce que rappelle le sociologue Jean-Marie Charon qui a interrogé une centaine de jeunes journalistes, depuis 2021 et publié “Jeunes journalistes, l’heure du doute”. Il fait référence au chiffre de cette vaste étude de l’IFP de 2017 (pdf). Cause principale : la précarisation en hausse.
54% des 15-24 ans ont un contact quotidien avec la télévision
La télévision traditionnelle n’est pas encore morte pour la “génération Z” selon les chiffres de Médiametrie (même si l’étude n’évoque pas le temps passé bien plus faible que sur internet et les réseaux sociaux pour cette population).
90% de leur consommation s’effectue via le poste de tv classique et seulement 10% sur les écrans digitaux à domicile (ordinateurs, smartphones, tablettes)
Cet usage numérique de la télé est néanmoins deux fois plus important que les 25-49 ans
Ils regardent souvent les programmes TV en replay, notamment pour la télé-réalité
100 millions d’euros d’investissement en moins pour la presse
C’est le montant du décalage entre la part d’impression des titres de presse et la part des investissements qu’ils perçoivent sur le display, selon Magali Florens, DG de l’Udecam. Il y a en effet un écart de six points entre la puissance des éditeurs et leur part d’investissement sur le display selon le dernier baromètre de l’E-publicité (p.9 en pdf). Elle s’exprimait dans le cadre d’un colloque “démocratie, information et publicité” organisé le 23 avril à la Sorbonne. Intervention repérée et relayée par Mind media
👉 Ecouter son propos (en vidéo)
🎧 Nonli : comment booster ROI et engagement sur les réseaux sociaux
[Par François Defossez, Head of medias]
Cette semaine, j’ai le plaisir de recevoir le fondateur de Nonli, Moïse Morard au micro de Mediarama. L’outil permet notamment de :
Automatiser : faire vivre des pages qui ne peuvent pas être alimentées faute de ressources
Engager de petites communautés : récupérer des utilisateurs peut-être peu nombreux mais très engagés sur des verticales spécialisées ou des pages hyper-locales
Optimiser les pages : s’assurer que les pages sont bien certifiées, que les micro-data sont bien renseignées (mots-clés, catégorisation) pour une meilleure automatisation par la suite
👉 Pour écouter l’émission, c’est là
🗞️ Du côté des médias
Le groupe Canal+ a franchi la barre des 6 milliards de revenus en 2023
Classement RSF de la liberté de la presse : la France en 21e place ne s’améliore guère
Guillaume Meurice, suspendu par Radio France reçoit le soutien de Charline Vanhœnacker
Sony et Appolo en discussion pour le rachat de Paramount (26 milliards $)
💡L’étude qui nous a intéressés : les effets avérés des écrans
L’usage excessif des écrans et en particulier du smartphone par les enfants et adolescents a des effets négatifs, directs et indirects, sur la vue, sur la sédentarité et les risques de surpoids. C’est la conclusion de la Commission (pdf) initiée par Emmanuel Macron en janvier 2024. Quelques chiffres :
16 % des enfants de 11 ans et 40 % de ceux de 15 ans présentaient un déficit de plus de 2 heures de sommeil par jour, en semaine
31% des jeunes âgés de 11 à 18 ans disent rester éveillés ou se réveiller la nuit pour échanger avec des amis, suivre une actualité sur un réseau social, regarder des vidéos, jouer aux jeux vidéo…
L’usage des écrans en soirée, et particulièrement dans l’heure précédant le coucher décale d’autant l’endormissement
🛍️ Le coin du partenaire
Hello les Mediaram’addicts !
Pour que notre newsletter reste gratuite, voici la séquence sponsoring. Aujourd'hui, Netflix joue le magicien en nous emmenant dans une expédition cinématographique à la Cinémathèque de Paris, dédiée au maître du grand écran, James Cameron.
Pourquoi s'intéresser à Cameron ? Parce qu'il ne fait pas que des films ; il crée des univers fascinants et singuliers. Le réalisateur qui a fait parler les extraterrestres et voyager dans le temps revient sur soixante ans de créativité exceptionnelle à travers cette exposition qu'il décrit lui-même comme “une autobiographie à travers l’art”. À cette occasion, Netflix met à disposition de ses membres la saga Terminator et deux documentaires qui plongent dans les coulisses de ses rencontres et passions.
Premier arrêt, "Arnold", où vous découvrirez comment Schwarzenegger est devenu plus qu'un acteur sous la direction de Cameron. Ensuite, "Blue Mission" vous emmène sous les vagues avec Sylvia Earle pour défendre nos océans, un thème cher à Cameron.
La Cinémathèque vous attend pour un voyage au cœur du cinéma qui éduque, divertit et inspire. Alors, prêts à plonger dans cette aventure cinématographique ? Votre siège vous attend !
Retrouvez les grandes tendances à venir de l’actualité française de Netflix en vous abonnant à leur newsletter Spoilers
📱 Du côté des plateformes
LinkedIn s’oriente vers le gaming avec 3 jeux sur sa plateforme
Meuf, Les Martines... Le boom des réseaux sociaux dédiés aux femmes
Twitch : comment certains médias cultivent le lien avec leur public
Attention, Google va sanctionner le parasitage SEO. Virginie Clève nous prévient : ça va secouer pour les médias qui abusent des sous-domaines de faible qualité
🤖 Et arriva l’IA…
« Vidu » le générateur de vidéos capable de rivaliser avec OpenAI
L'IA de Google arrive dans Gmail: tout ce qui va changer pour vous
Spotify a testé plusieurs fonctions liées à l’intelligence artificielle, comme un générateur de playlists avec des prompts ou une radio personnelle, avec un faux animateur.
🔧 Ça peut servir
AI fact checking : 3 outils pour vérifier la qualité des textes générés par l'IA
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