Biodiversité : pourquoi les médias s'en tamponnent ?

L'environnement est déjà un sujet sous-traité par les médias, même si les choses s'améliorent un peu. Mais pour la biodiversité, c'est pire. Comment changer la donne ?

Mediarama
5 min ⋅ 21/05/2025

Biodiversité céleste - Cyrille Frank v/ Midjourney (outil IA)

Par Cyrille Frank, François Defossez, Orlane Tonani, Samy Snider.

On se penche cette semaine sur une étude de Reporters d’Espoirs qui explique pourquoi la biodiversité est si peu abordée dans les médias. Et on s’intéresse surtout aux moyens de changer cela !

Bienvenue aux nouveaux abonnés de Arte France, Les Echos, Le Temps, Vertigemedia, Cospirit, Heroiksevent … et à tous les autres !

Merci pour votre fidélité et bonne lecture.

PS : le ton du titre de cette newsletter est volontairement familier, histoire de réveiller le lecteur sur un sujet, plus “difficile”. Pardonnez-nous cette audace :)

[L’équipe Médiarama]


🔎 Pourquoi la biodiversité est boudée par les médias (et comment y remédier)

[Par Cyrille Frank, directeur de la formation/transformation numérique]

Les sujets climat sont davantage et mieux traités par les médias depuis deux ans. Mais la biodiversité reste la grande oubliée révèle une étude de Reporters d’Espoirs basée sur une série d’entretiens de journalistes. Voici pourquoi, et comment faire évoluer les pratiques.

  • Un sujet jugé parfois important, mais peu urgent
    « Un sujet qui reste secondaire dans l’esprit des gens. Par rapport aux retraites ou à une dissolution du gouvernement, si vous avez ces deux actualités en parallèle, les animaux seront toujours plus lointains»
    → Créer une rubrique biodiversité dans les médias généralistes, des RDV réguliers

  • Un risque sur l’audience
    « Si on s’arrêtait aux audiences, clics ou retours/commentaires des lecteurs ou téléspectateurs, on en parlerait encore moins »
    → Mesurer les critères quali (temps passé, récurrence de visite), améliorer les formats, la narration en jouant sur l’émotion et la proximité

  • Un thème jugé anxiogène et trop politisé
    “Certains disent que c’est anxiogène et des chefs de rédactions trouvent que c’est touchy ou politique”
    → Donner des explications, de l'horizon aux gens, sans excès de catastrophisme et sans déformer les faits, ni choisir uniquement ceux qui collent à nos opinions

  • Pas assez de solutions proposées
    « Avec la biodiversité, c’est compliqué de trouver des solutions. »
    → Mettre en lumière des réussites locales : haies restaurées, zones protégées, fermes en agroécologie.

  • Pas assez d’images fortes ni d’actualité visible
    « Pour un média comme le mien, à la télévision, ce sujet est parfois moins évident à mettre en images. »
    → Utiliser des symboles marquants : abeilles, forêts en feu, espèces menacées.

  • Un sujet trop complexe, une notion floue
    “C’est plus difficile de parler biodiversité que climat. (…) la biodiversité, elle fait appel à plein de notions”
    → Expliquer avec des cas simples, concrets (la pollinisation des abeilles), se concentrer sur quelques messages clés pour avoir plus d’impact

  • Traitement cloisonné (pages nature ou science)
    « La biodiversité se retrouve dans la page science, cela induit un traitement scientifique. »
    → Intégrer la biodiversité dans les sujets économiques, politiques ou sociaux. Montrer l’aspect systémique de ces questions

© Union internationale pour la conservation de la nature (UICN)

Une vision médiatique à transformer

  • Former les journalistes
    « Seulement 5 à 10 journalistes sur 500 (1 à 2% NDLR) sont spécialistes de ces questions. »
    → Organiser des formations simples avec des scientifiques disponibles

  • Eviter les risques de conflits internes
    « Il y a une part de risque à parler de biodiversité. »
    → Mettre en place des chartes éditoriales pour sécuriser les rédactions, voire des quotas minima.

  • Fournir des ressources visuelles
    « Il me faut une belle image, qui fasse vendre, et ce n’est pas toujours le cas. »
    → Créer une banque d’images en accès libre pour illustrer les sujets.

👉 Lire l’étude complète d’Iligo pour Reporters d’Espoirs et l’OFB (Office français pour la Biodiversité) en pdf


📊 Les chiffres qui comptent

2,6 milliards € pour la publicité digitale au 1er trimestre 2025

C’est une hausse de 8% vs T1 2024 selon le baromètre de l’IREP/France Pub. Le marché est porté par les formats audio (+27,3 %) et vidéo (+26,6 %). À l’inverse, les cinq médias classiques (télévision, presse, radio, cinéma, publicité extérieure) reculent de -1,8 %.

Moins 56% de taux de clic pour les résultats de Google avec l’IA

C’est ce que montre une étude anglaise révélée début mai lors d’un événement de la WAN-IFRA. Lorsque Google Overview s'affichait pour une requête de recherche, le taux de clic moyen chutait de 56,1 % sur ordinateur et de 48,2 % sur mobile.

Moins de 3% des visites pour les outils d’IA

Les 10 principaux chatbots ont cumulé 55,5 milliards de visites entre avril 2024 et mars 2025, selon l’étude de OneLittleWeb. Comparé aux 1 863 milliards de visites enregistrées par les moteurs de recherche sur la même période, c’est peu. ChatGPT concentre environ 86% de l’usage IA et Google 87% des recherches moteurs. Mais il faut noter la croissance des chatbots sur un an : +124% (contre +5,6% pour les moteurs).


🎧 Face à la désinformation, la nuance devient une nécessité

[Par François Defossez, Head of medias]

Dans cet épisode de Médiarama, j’ai reçu Julien Pain, journaliste chez France Info, présentateur de l’émission “Vrai ou Fake” et figure emblématique de la lutte contre la désinformation. Pour lui :

  • Le fact-checking n’est plus une bonne approche. Il est devenu une cible, dans un monde populiste opposé aux faits, et synonyme de censure.

  • Ce dont on manque, c’est surtout de la nuance et de contexte. La vérité des faits ne suffit pas. Le vrai message n’est pas “vrai” ou “faux”, mais “c’est compliqué”.

  • Ce travail de décryptage de l’info est essentiel et marche de mieux en mieux. Il n’y a pas que le modèle talk et le buzz de CNews ou BFM.

👉 Ecoutez le podcast entier
👉 Relire notre newsletter de juillet 2023 : Le fact-checking", pas inutile, mais peu efficace


⭐️ Bonne pratique : 5 conseils des Savannah Bananas pour doper son impact sur les réseaux sociaux

  1. Divertissez avant d’informer
    Montrez l’ambiance, pas juste le score. Ex. : une vidéo de vestiaire avec les blagues du coach.

  2. Adaptez le format à la plateforme
    Un match donne plusieurs formats courts. Ex. : 6 Reels punchy extraits d’un match YouTube.

  3. Racontez les joueurs comme des personnages
    Misez sur leur personnalité. Ex. : un joueur surnommé « Le Magicien » avec ses routines de showman.

  4. Impliquez les fans dans les contenus
    Répondez aux commentaires, créez ensemble. Ex. : une vidéo virale née d’un défi lancé par un abonné.

  5. Parlez à tout le monde, pas qu’aux fans de sport
    Mélangez humour et clin d’œil. Ex. : une course de bébés sur le terrain a fait des millions de vues

👉 Voir l’article de Tubularlabs.com (en anglais) via Jérémie Clévy


🗞️ Du côté des médias


📱 Du côté des plateformes


🤖 Et arriva l’IA…


🗓️ A vos agendas !

Inscrivez-vous pour notre prochain apéro médias le 19 juin à 19h. Histoire de fêter l’été avec un peu d’avance. On y déroulera une petite conférence sur l’IA et la créativité : comment bien exploiter la machine (et pas le contraire) ? Et bien sûr, vous y rencontrerez l’équipe de Médiarama et vos pairs autour d’un verre (rime riche) et deux-trois chips (environ). On a hâte de vous retrouver. 🤩


🕵️ Offres d’emploi


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Par François Defossez

Head of Média chez Cosa et host du podcast Médiarama.

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