Les leçons de la presse locale américaine

Un rapport analyse les difficultés de la presse locale américaine, mais aussi les solutions des journaux qui s'en sortent le mieux.

Par Cyrille Frank, François Defossez, Laura Pironnet, Samy Snider, Orlane Tonani.

Bonjour à toutes et à tous,

Cette semaine on plonge dans la presse locale américaine, car le pays précède souvent nos propres usages. On y découvre l’étendue de la crise qui a frappé les journaux depuis 2005 (et surtout 2008) avec la création de déserts d’information et un chômage massif.

Mais on y puise aussi des idées d’une foule de journaux qui ont su trouver des armes pour survivre ou rebondir.

Bienvenue nos nouveaux lecteurs de Ouest-France, Rossel, Sud-Ouest, Nice Matin, AFP, Télérama, Giboire, Scopic… Et merci à tous/toutes les autres de continuer à nous lire.

Bonne lecture :)

[L’équipe Médiarama]

🔎 Comment certains journaux locaux parviennent à s’en sortir. 8 leçons tirées de la presse américaine.

[Par Cyrille Frank, directeur de la formation/transformation numérique]

Aux Etats-Unis, la Medill Local News Initiative analyse depuis 15 ans l’évolution de la presse locale. Son dernier rapport (pdf en anglais) fait le point sur l’état de la presse locale U.S. et les solutions trouvées.

📍L’état des lieux. Depuis 2005, le pays a perdu près de 2 900 journaux, dont plus de 130 l’année dernière (fermeture ou absorption). Il y a actuellement 203 déserts d’information, c’est à dire des comtés sans journaux. Les deux-tiers des journalistes locaux ont perdu leur emploi depuis 2005, soit 43 000 personnes.

Toutes professions confondues, les effectifs de la presse ont fondu de 70% entre 2005 et 2023.

📍Le rebond numérique. Le nombre d'abonnés numériques de la presse locale américaine a augmenté de 21 % en 2021. Et malgré un ralentissement en 2023 (-3%), la trajectoire reste ascendante.

Le point d’inflexion pour la presse américaine est décembre 2023. A partir de cette date, elle compte en moyenne plus d'abonnés numériques que papiers. Toutefois, les revenus du numérique ne devraient pas dépasser ceux de l’imprimé avant 2027.

💡Les solutions identifiées :

Adapter l’offre aux besoins réels du public. Les éditeurs à succès proposent aussi des contenus des jeux d'actualités basés sur l'IA, des sujets magazine… Mais surtout, les journaux qui fonctionnent bien interrogent leurs lecteurs, à l’image de Outlier qui a mis en place un numéro sms dédié pour récupérer de l’information et des idées de sujets.
Investir dans le journalisme. Les rédactions des journaux qui s’en sortent bien ont entre 40 % et 200 % de journalistes de plus que les rédactions desservant des marchés de taille similaire. C’est le cas du BenitoLink en Californie qui a investi dans l’investigation locale.
Changer de KPI. Les journaux commeThe Post and Courier à Charleston ont arrêté de suivre les pages vues. Ils ont basculé vers le suivi du temps passé, les partages et le nombre de visites par utilisateur. De meilleurs indicateurs de la satisfaction lecteurs pour recruter des abonnés.
Se concentrer sur l’ARPU. Les éditeurs soignent de plus en plus à leur revenu moyen par utilisateur au delà de la seule recherche de croissance du volume d'abonnés.
Baisser les coûts. De plus en plus de journaux locaux taillent dans les coûts en externalisant l’informatique, la gestion ou les ressources humaines.
Diversifier les sources de revenus. George Media Group, éditeur de Louisiane, s’en sort grâce à la publicité vidéo et les contenus de marque. El Conquistador dans le Milwaukee tire 40% de ses revenus de l’événementiel (salons santé, emploi… festivals culturels comme le “Cinco de Mayo”…).
Faire appel aux dons. La rédaction de Shreveport-Bossier City Advocate s’appuie sur un mélange de soutien philanthropique, d'annonceurs et d'abonnements. Le Seattle Times mixe abonnements et mécenat auprès des fondations, entreprises et individus pour financer les rubriques d’intérêt général : les enquêtes, l’éducation, la santé mentale…

👉 Voir le détail des solutions mises en place par 17 journaux américains
👉A lire aussi : 11 réalités qu’on ne s’avoue pas toujours sur les abonnements numériques

On vous a partagé cette newsletter ? Recevez les prochaines chaque mercredi matin :

📊 Les chiffres qui comptent

TikTok atteint 1,5 milliards d’utilisateurs en 2024
Cela représente une croissance de 48% versus 2023 selon la même source We are Social. L’application grignote sur la base des autres et notamment Youtube qui recule un peu (-0,9%) avec un peu moins de 2,5 milliards d’utilisateurs dans le monde. Facebook a franchi la barre des 3 milliards d’inscrits à l’application amiral de Meta dans le monde (+3% versus 2023).
👉 Voir le rapport complet de We Are Social de janvier 2024 (561 pages)
90% des emplois pourraient être affectés par l’IA dans les 10 ans qui viennent
D’après cette nouvelle étude de l’université d’Oxford, la plupart des emplois seraient modifiés par l’irruption de l’IA. Et 9 % de la main-d’œuvre américaine actuelle pourrait être supplantée par l’IA générative. Il est même possible que 11 % des employés soient licenciés.
👉 89% des podcasts d’actu les plus populaires font appel à des invités
D’après le Pew Reseach Center, 15 % des podcasts les mieux classés (top 200 des podcasts Apple ou Spotify en 2022)se concentrent sur l'actualité. Parmi eux, une écrasante majorité (89 %) présente des invités dans au moins un épisode (contre 76% en moyenne, tous genres confondus).

🎧 Le Bondy Blog : casser les stéréotypes sur la banlieue

[Par François Defossez, Head of medias]

Cette semaine, je reçois Sarah Ichou, directrice et journaliste du Bondy Blog.

Le Bondy Blog, c’est une association avec trois salariées, aidés d’une trentaine de contributeurs (journalistes, blogueurs, étudiants en journalisme). Ses objectifs :

Donner à voir d’autres facettes des quartiers populaires que dans la presse quotidienne, inclure la banlieue dans “la normalité”
Casser la bulle journalistique et diversifier les profils qui tentent cette profession
Briser les barrières avec l’audience : conférences de rédaction ouvertes le mardi soir

👉 Pour écouter l’émission, c’est ici

⭐️ Au rayon UX

[Par Samy Snider, UX Design Director chez CosaVostra]

Aujourd’hui on évoque un dispositif visuel très simple mais efficace pour aider le visiteur à se repérer sur un site, j’ai nommé : la colorisation des rubriques.

En effet, certains médias ayant peu de rubriques utilisent des couleurs différentes pour renforcer la démarcation de celles-ci. C’est notamment le cas du média AOC (avec le jaune pour l’Analyse, le rouge pour l’Opinion et le vert pour la Critique), du site de la New York Review of Books qu’on évoquait déjà la semaine dernière ou bien encore du site 4 Columns.

👉 Pourquoi ce dispositif se prête bien aux sites qui ont peu de rubriques ? Parce que démultiplier les couleurs aurait l'effet inverse à savoir perdre l'utilisateur en plus de proposer une expérience arc en ciel qui est rarement du plus bel effet esthétique.

🗞️ Du côté des médias

📱 Du côté des plateformes

🤖 Et arriva l’IA…

Emo : l’IA d’Alibaba qui fait parler vos photos

🔧 Ça pourrait vous servir

Gen-2, outil IA, anime des images avec Motion Brush (et c’est bluffant, encore une fois)

🕵️ Offres d’emploi

👀 Toujours là ? Quelques mots sur nous, alors…

📍Mediarama fait partie de Cosavostra, cabinet de conseil et agence digitale

📍Mediarama est leader en France dans son activité de conseil pour les médias avec plus de 100 médias accompagnés sur plus de 140 projets.

📍 L’agence emploie une centaine d’experts (studio UX / UI, développement / intégration, acquisition / growth), et des consultants triés sur le volet (formation, recherche de financement, conseil)

Vous avez un projet ? Une idée en tête ? Besoin d’une formation ? Parlons-en !👇

Envoyez-nous un e-mail

Cyrille Frank Formateur, consultant pour les médias, fondateur de mediaculture.fr, directeur de la formation et de la transformation numérique chez @CosaVostra