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La newsletter de veille et d'analyses médias par CosaVostra

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Par Cyrille Frank
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Pourquoi il faut en finir avec les articles fantômes

Les « articles fantômes » peu lus doivent être chassés des sites et médias d’information. Pas pour céder à la course au trafic. Mais parce qu’ils ne rendent pas assez service aux lecteurs.

Par Cyrille Frank, François Defossez, Laura Pironnet, Samy Snider.

Bonjour les Mediaram’addicts,

La grisaille nous rattrape, mais on se planque.

Justement, cette semaine on s’intéresse aux articles “fantômes” qu’un groupe d’éditeurs allemands tente de supprimer le plus possible. Un risque pour les contenus profonds ? Cyrille n’est pas de cet avis.

On accueille avec extase nos derniers lecteurs et lectrices de Reporters d’Espoirs, Médianes, Bearideas, Isagri, CMA Medias, Archimag, Futu&r … et tous les autres !

Bonne lecture :)

[L’équipe Médiarama]


🔎 La chasse aux “articles fantômes”, une nécessité pour atteindre et mieux servir le lecteur

[Par Cyrille Frank, directeur de la formation/transformation numérique]

En Allemagne, 80 % des articles sont des « articles fantômes »selon une étude allemande menée par 30 éditeurs germanophones. Ces articles sont baptisés ainsi, car ils sont lus moins longtemps qu’il n’en faut pour les produire.

De fait, une bonne part des articles produits ne sont pas consultés, je l’ai vérifié maintes fois. Il y a plusieurs raisons à cela.

D’abord, il y a la concurrence mondiale sur les contenus produits, via la diffusion web. Aujourd’hui, un article national de Sud Ouest peut être concurrencé par celui du New York Times.

Et cette bataille pour l’attention ne se limite pas à l’info, en réalité, toute petite par rapport aux autres centre d’intérêt de la majorité des gens. En atteste ce rapport 2023 sur les usages mobiles L’actualité ne représente que 1,7% du temps passé sur les applications mobiles en 2024.

Ensuite, il y a une redondance forte des contenus proposés.

L’INA et Julia Cagé dans le livre “L’Information à tout prix” constataient en 2017 que 64% des contenus produits étaient du pur copier-coller. Les auteurs de l’étude remarquaient aussi qu’il fallait en moyenne moins de 3 heures pour qu’un article soit repris par ses concurrents en ligne.

Enfin, la nécessité de bien distribuer favorise les grosses machines et grandes rédactions.
Il faut optimiser le SEO, de plus en plus complexe; produire beaucoup de contenus frais et actualisés pour émerger dans les premiers résultats de Google; être organisé pour bien voir une chance de remonter sur Discover, de plus en plus puissant en termes de trafic.

La fin programmée des contenus longs ?

Sur LinkedIn, Lola Craviotto s’est émue de cette chasse aux contenus fantômes.

C’est insensé de croire qu’on peut écrire une enquête ou un reportage en moins de cinq heures. Sans compter le temps de pré-enquête 🎤 (documentation, interviews…). Perso, je n’écris que des longs papiers. Ça veut dire que je serai bientôt au chômage, car pas rentable pour les rédactions.

Je soutiens pour ma part que la longueur a souvent peu à voir avec la profondeur d’un contenu. Ce qui me faisait dire en 2023 : le journalisme long se meurt ? Tant mieux !

D’abord la longueur ne signifie rien en tant que telle, tout dépend de la densité du propos. Il nous est tous arrivé de tomber sur des articles ou des œuvres prolixes qui disent peu de choses.

Le journaliste, de la même façon, n’est pas là (uniquement) pour se faire plaisir. Il doit surtout penser à son lecteur et au service qu’il lui rend : d’intelligibilité, de découverte, d’émotion. Et aussi, de plus en plus, il doit chercher à lui faire gagner du temps.

Pour gagner la “guérilla cognitive” de l’info, il faut adopter les armes de l’adversaire : écriture concise, shorts, animations, interactions. Ce qu’ont bien compris des éditeurs comme Loopsider ou 2050Now.

👉 Lire l’article complet sur Mediaculture

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📊 Les chiffres qui comptent

69,1 % des foyers français sont équipés d’au moins un téléviseur connecté à Internet
En métropole, la TV par Internet (IPTV) progresse de 3,3 points sur un an, notamment grâce au déploiement de la fibre optique (+6,3 points sur un an). La TV hertzienne TNT recule de -1,2 point en 1 an et n'est choisie par "plus que" 18,4% des foyers (faible couverture de l'IPTV et/ou des publics ne pouvant supporter le coût supplémentaire d'un abonnement payant à un fournisseur internet).
Voir le rapport complet de l’Arcom

+28% de croissance du marché de l’audiobook U.S. depuis l’arrivée de Spotify

Ces chiffres en provenance de la société Bookstat cité par Axios montrent l’impact de la plateforme de musique sur l’usage des livres audio. En France le SNE estime que 8% des Français (4,3M) ont lu un livre audio en 2023. Cela représente une centaine de millions € de CA. Mais le marché pourrait croître rapidement comme le pense le cabinet Grand View Research (+26% par an pour atteindre 35 milliards $ en 2030)


🎧 Le Figaro : la multidiffusion tous azimuts

[Par François Defossez, Head of medias]

J’ai reçu Marc Feuillée directeur général du groupe Figaro depuis 2011. Il nous détaille les grands traits de sa stratégie au long cours :

  • Cap sur la télévision : en 2023, Le Figaro a lancé une chaîne de tv locale diffusée sur la TNT et les box : Le Figaro TV. Et plus récemment, le groupe a aussi crée une chaîne d’info nationale diffusée sur les plateformes de SVOD : MyCanal, TF1+, Molotov.tv.

  • Aller chercher les jeunes là où ils sont (les réseaux sociaux), avec les formats qui leur conviennent (moins d’écrit et plus d’audio-vidéo), mais sans simplifier ni dénaturer le contenu initial.

  • S’ancrer en région : 12 journalistes répartis dans différents bureaux en France. Pour lutter contre la critique du “parisianisme” dans le traitement national de l’info. Mais aussi pour aller recruter des abonnés locaux à un titre national (le chemin inverse de Ouest-France).

👉 Ecoutez le podcast entier”

📢 Il l’a dit

Une large part du public expérimente une stagnation de ses revenus, une précarité professionnelle, fait face à des réformes vécues comme une réduction des prestations sociales à sa disposition. Ces gens doivent travailler plus longtemps avant d’espérer partir à la retraite. Les produits qu’ils aiment se font taxer. Dire que ce vécu du monde n’est pas représenté dans beaucoup de médias n’est pas une exagération.”

Rasmus Kleis Nielsen (Reuters Institute)


🗞️ Du côté des médias


⭐ La bonne pratique

Der Spiegel, l’hebdomadaire allemand a mis en place un véritable laboratoire d’analyse des contenus les plus engageants de son site et application.

  • Il a commencé par classer ses lecteurs par score d’engagement (fréquence, durée de visites au cours des 30 derniers jours) : occasionnels, réguliers, actifs, fans

  • Il a identifié les types de contenus proposés et demandé aux utilisateurs comment il les utilisaient (entretiens approfondis) pour faire des hypothèses et expliquer les usages

  • Il a vérifié l’usage réel via tracking des zones et comparé les usages des diverses cohortes

Cette méthode mixte a permis d’identifier les fonctionnalités vraiment les plus importants et il y a quelques surprises (comme la vidéo pas prioritaire par exemple). Lire la suite via The Audiencers (en anglais)


📱 Du côté des plateformes


🤖 Et arriva l’IA…


🔧 Ça peut servir

Adobe vient de rendre son logiciel de dessin Fresco gratuit pour iPhone et iPad. Il faut dire que la concurrence l’était : Procreate, iArtbook ou Sketchbook. Fresco propose des outils pour le dessin et la peinture. Elle simule bien le rendu des coups de crayon ou de pinceau.


🕵️ Offres d’emploi



👀 Toujours là ? Quelques mots sur nous, alors…

📍Mediarama fait partie de Cosavostra, cabinet de conseil et agence digitale

📍Mediarama est leader en France dans son activité de conseil pour les médias avec plus de 100 médias accompagnés sur plus de 140 projets.

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