Phosphore dédié au 14-19 ans passe au 100% numérique. Le Monde des ados, lui, fait le pari contraire. Qui a raison ?
Par Cyrille Frank, François Defossez, Orlane Tonani, Samy Snider.
Bonjour les Médiaram’addicts,
Est-ce déjà la fin du papier pour les jeunes lecteurs ? C’est la question que pose indirectement Bayard, qui vient de basculer Phosphore en 100% numérique. Une stratégie inverse à celle de Fleurus pour Le Monde des ados. On va voir les avantages ou limites de chaque option.
Bienvenue aux nouveaux abonnés de Radio France, Courrier Picard, Vidéo-Menthe, Prisma, AFG-autisme, DNA, ACMJ, JCDecaux… Merci à vous et aux fidèles toujours au rendez-vous pour cette 100e édition ! 🎂
Et bonne lecture :)
[L’équipe Médiarama]
[Par Cyrille Frank, directeur de la formation/transformation numérique]
Fini le papier, Phosphore passe à 100% numérique, a annoncé Bayard le 29 janvier dernier. L’hebdomadaire sera envoyé chaque vendredi par e-mail ou SMS pour 9 euros par mois. Il sera aussi disponible sur ordinateur via un navigateur.
L’éditeur s’appuie sur un constat : les 13-17 ans s’informent à 62% via les réseaux sociaux, et seuls 3% lisent encore un support papier. C’est du moins le résultat d’une étude CSA d’octobre 2022 (pdf).
De fait, ce n’est pas la première étude qui montre cette évolution des usages des ados. Une étude Médiamétrie pour le ministère de la Culture de 2018 montrait déjà que les réseaux sociaux étaient la première source d’information de 57% des 15-34 ans (devant les site web à 39%).
La fin du papier signifie aussi des frais en moins : d’impression, de distribution… Et avec l’augmentation du prix du papier, cette économie n’est pas petite…
L’éditeur du Monde des ados, au contraire, a doublé sa périodicité papier, et passe de quinzomadaire en hebdomadaire. L’éditeur Fleurus Presse a notamment voulu rassurer les parents qui s’inquiètent du “tout-écran” comme l’explique la rédactrice en chef, Lise Martin à l’AFP :
Beaucoup d'enfants n'ont pas encore accès à un smartphone et leurs parents ont envie qu'ils gardent un lien avec le papier
Le site lemondedesados.fr propose aussi des contenus vidéo, des quiz et un “fil info” quotidien qui résume l'actualité en brèves. Tout est en accès libre mais certains contenus seront bientôt réservés aux abonnés. L’éditeur a voulu jouer la complémentarité explique Lise Martin :
En même temps, on propose une plateforme numérique avec les codes des réseaux sociaux, où ils scrollent et swipent (font défiler les contenus avec le doigt, ndlr) mais dans un environnement beaucoup plus sécurisé que sur TikTok”
La stratégie de Fleurus Presse repose sur un chiffre issu d’une étude interne : 60% des jeunes continuent d'accorder de l'importance aux formats papier, notamment pour des contenus spécialisés ou éducatifs.
Un chiffre qui pourrait être confirmé par cette étude CSA pour l’ACPM selon laquelle, le papier est jugé meilleur pour la concentration et l’attention :
69% préfèrent le papier pour une lecture approfondie
78% arrivent mieux à se concentrer via le support papier
78% estiment que le papier permet de mieux comprendre certaines infos
L’autre atout du papier, c’est de favoriser les lectures dans les établissements scolaires (CDI) et bibliothèques. Ce sont des ventes en moins, mais qui peuvent toucher un public moins favorisé qui ne se serait pas abonné estime Christophe Coquis, fondateur de Geek Junior et Otaku Manga
Sans parler de l'utilisation d'un support d'information pour les professeurs, notamment dans le cadre de l’éducation aux médias. Une belle visibilité du titre qui peut déclencher des abonnements individuels ensuite.
Et vous, que pensez-vous de ces stratégies différentes ?
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TikTok génèrerait 84 % de vues de plus que Instagram
D’après le dernier rapport Métricool (pdf), la plateforme chinoise génère 24 098 vues par contenu en moyenne contre 13 084 en moyenne pour les Reels d’Instagram. En image le résumé des principales informations du rapport :
746.000 utilisateurs pour ce quotidien numérique gratuit dédié aux 8-12 ans
Autre stratégie encore pour toucher les jeunes lecteurs : celle de la gratuité, financé par un regroupement de titres québécois organisés en coopérative. Lancé en août 2022, lesasdelinfo.com totalise plus de 16.000 inscrits dont 8500 enseignants et cumule près de 750.000 visiteurs depuis sa création.
[Par François Defossez, Head of medias]
J’ai accueilli Ludovic Blecher, expert en innovation et transformation numérique dans les médias. Et ancien responsable du fonds pour l’innovation de la presse de Google. Il évoque notamment :
L’illusion de l’internalisation : “on a fait croire à un moment à tous les médias qu’ils pouvaient devenir des boîtes de tech”. Les médias petits et moyens n’ont pas les moyens et cela les détourne de l’éditorial.
Le mimétisme des médias. “tout le monde faisait la même chose sur le plan techno”. Sur les 400 millions $ de projets financés par Google, environ 150 ont développé les mêmes choses : outils de publication, analytics, paywalls…
Le fantasme du produit tout en un, pour tous. Les outils sont adaptés à un certain modèle et vision éditoriale. Vouloir satisfaire tout le monde, c’est créer des usines à gaz qui déplaisent à tous.
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Journalism Trust Initiative : un label pour se démarquer dans la jungle des réseaux sociaux
Développer un contenu adapté : actualité locale qui exploite la proximité, apporter de la clarté dans un écosystème d’information chaotique, proposer des formats attractifs (vidéos, conversation…)
Monétiser sur les réseaux sociaux : explorer de nouvelles formes de revenus B2B et B2C là où vit la génération Z, sur les plateformes
Porter l’effort sur les RH : une salle de rédaction entièrement composée d’employés de la génération Z, ce qui nous oblige à repenser l’embauche et la rétention
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