Élection de Trump : 6 leçons médiatiques à retenir
C'est la douche froide pour les démocrates et le monde retient son souffle, après l'élection de Donald Trump. C'est aussi le moment de tirer quelques leçons de cette campagne éprouvante.
Par Cyrille Frank, François Defossez, Laura Pironnet, Samy Snider.
Bonjour les Mediaram’addicts,
Trump a donc gagné la présidentielle américaine, en dépit de ses nombreuses casseroles judiciaires, de ses mensonges délirants, de ses diatribes autoritaires..
Cet évènement aux conséquences difficilement mesurables nous oblige à réfléchir. C’est ce qu’a tenté de faire Cyrille en six points.
Heureusement, il y a aussi des bonnes nouvelles, comme l’arrivée de nouveaux lecteurs et lectrices de Médiarama : Le Cercle desEconomistes, Noosphere, Ouest France, Reworld Media, Actu.fr… merci à vous et aux autres fidèles !
Bonne lecture :)
[L’équipe Médiarama]
🔎 L’élection de Donald Trump nous enseigne (ou nous rappelle) six choses sur le système médiatique.
[Par Cyrille Frank, directeur de la formation/transformation numérique]
1. Le mensonge paye. Selon la fameuse loi de Brandolini, "la quantité d'énergie nécessaire pour réfuter du baratin est beaucoup plus importante que celle qui a permis de le créer". Et le couple diabolique Trump-Musk a beaucoup menti au cours de cette campagne comme le décrit très bien Olivier Cimelière.
2. Il faut réguler davantage médias et médias sociaux. Cela doit conduire nos démocraties à mieux contrôler la liberté d’expression pour éviter qu’elle ne soit détournée comme arme de manipulation ou de déstabilisation. Et à éviter les concentrations médiatiques, qu’il s’agisse de Musk (Twitter), Murdoch (Fox News), Bolloré (CNews, C8, JDD) ou tout autre groupe/plateforme.
3. Les sondages n’ont aucune valeur prédictive. Pour la 3e fois de suite, les sondeurs ont sous-estimé Donald Trump. On se demande une fois de plus s’ils servent vraiment la cité. Thomas Snégaroff constate :
Les sondages l'avaient sous-estimé largement en 2016, encore plus largement en 2020, et je crois encore plus largement cette fois-ci. Ils ne savent pas comment sonder des gens qui détestent tellement le système qu'ils ne disent pas pour qui ils vont voter, et qui parfois disent Harris rien que pour embêter tout le monde.
Mais ce débat occulte le changement de rapport de force entre journaux et influenceurs. Le Washington Post totalise 130.000 abonnés papier et 2,5 millions numériques. Quand le podcast de Joe Rogan avec Trump a totalisé, lui, 45 millions de vues Youtubeselon le New York Times.
5. La vidéo mobile est devenue cruciale. Les soutiens de Trump ont su exploiter ce format. Comme lorsqu’ils ont envoyé une vidéo de Kamala à 10 millions d’électeurs, par sms. Cette vidéo reprenait la séquence de The view où on lui demandait si elle aurait fait quelque chose de différent de M. Biden. Et où elle répondit maladroitement (0,28 sec) : “Il n’y a rien qui me vienne à l’esprit.”
6. L’éloignement des classes populaires est un risque politique majeur. Cette élection reflète aussi cette polarisation entre deux Amériques, l’une urbaine, instruite et favorisée. L’autre plutôt rurale, faiblement instruite et pauvre. Les médias “sérieux” n’ont pas réussi à parler à cette frange de la population. Comme en 2016, leurs fact-checkings n’ont convaincu que ceux qui l’étaient déjà. Il est plus que temps que les médias rétablissent le lien avec tout le monde. Sans complaisance, mais sans mépris.
7,3 millions d’euros de bénéfices en 2024 pour Télérama
C’est le résultat attendu cette année par le magazine culturel selon Challenges, cité par La Lettre de l’audiovisuel. Ce très bon chiffre résulte de la hausse de 59 % du nombre d’abonnés numériques en un an, soit 32 000 d’ici décembre. Le magazine est donc très rentable pour le Groupe Le Monde (l’an dernier, il avait réalisé un bénéfice de 7,4 M €)
3,7 milliards de visites mensuelles pour ChatGPT
ChatGPT rivalise désormais avec Google Chrome en termes d'utilisation mensuelle. L’intelligence artificielle conversationnelle dépasse ainsi les 3,45 milliards d’utilisateurs mensuels de Google Chrome. Gemini, le chatbot de Google, cumule 291,6 millions de visites mensuelles, tandis que Claude d’Anthropic enregistre 84,1 millions de visites, avec une progression annuelle de 394,9%.
🎧 Lancer un média engagé, indépendant, sans pub, c’est possible ?
Ancien rédacteur en chef du magazine écologique Socialter, Philippe Vion-Dury a cofondé le média Fracas. Je l’ai reçu afin de faire le point sur les objectifs et la stratégie éditoriale de ce nouveau média.
Les chiffres : au moment de l’enregistrement (sept. 2024), Fracas totalise 1600 abonnés et 2000 ventes unitaires. Ce, grâce à une campagne de pré-abonnement lancée en avril pour financer le 1er numéro.
La ligne éditoriale engagée : position ferme contre “l’écofascisme”, le “carbonationalisme” et le greenwashing. Et tourné vers l’action. Plus question d’éveiller les consciences mais d’inciter à agir.
Le choix d’un modèle coopératif : défendre les valeurs de démocratie et de transparence.
La diffusion en kiosque et librairie : avec une parution en format papier, plus une formule d’abonnement.
YouTube, ou toute autre plateforme, est-elle une chaîne de télévision comme je le lis dans la presse depuis ce matin? Non! On ne peut pas à la fois dire qu’on est une chaîne, mais pas un média. Les mots ont un sens
La découvrabilité est l’une des grosses difficultés du podcasts. Difficile d’émerger sur les étagères surchargées d’Apple Podcasts, ou sur les sites médias débordants d’archives. Mais voici quelques conseils :
Multipliez les points d’entrée : ne vous contentez pas d’une rubrique podcast, mais faites des liens avec les autres types de contenus pour toucher les publics encore frileux
Enrichissez vos pages podcasts : au-delà du titre, de la durée et du player, ajoutez votre touche. PourTortoise, c’est avec une bio des journalistes et un transcript écrit. Chez Slate Audio, on salue la mise en avant d’avis des auditeurs et les recommandations d’épisodes pour commencer
Embarquez les convertis : comme le fait Le Monde qui personnalise ses pages d’abonnement pour ses auditeurs prêts à payer pour une offre plus générale.
📍Mediarama fait partie de Cosavostra, cabinet de conseil et agence digitale
📍Mediarama est leader en France dans son activité de conseil pour les médias avec plus de 100 médias accompagnés sur plus de 140 projets.
📍L’agenceemploie une centaine d’experts (studio UX / UI, développement / intégration, acquisition / growth), et des consultants triés sur le volet (formation, recherche de financement, conseil)
Vous avez un projet ? Une idée en tête ? Besoin d’une formation ? Parlons-en !👇
Bon, ben je vais le faire sur LinkedIn, citer le MediaRama, et te taguer, alors ^^'
Camile Gillet
Wed, 13 Nov 2024 08:37:52 GMT
Toujours aussi ravie d'avoir découvert cette pépite ! J'ajoute ma (très longue, désolée) bafouille
Cyrille Frank
Formateur, consultant pour les médias, fondateur de mediaculture.fr, directeur de la formation et de la transformation numérique chez @CosaVostra
Camile Gillet Wed, 13 Nov 2024 08:38:33 GMT
Bon, ben je vais le faire sur LinkedIn, citer le MediaRama, et te taguer, alors ^^'
Camile Gillet Wed, 13 Nov 2024 08:37:52 GMT
Toujours aussi ravie d'avoir découvert cette pépite ! J'ajoute ma (très longue, désolée) bafouille