Réseaux sociaux, le grand péril démocratique
Les réseaux sociaux qui devaient nous relier sont devenus des machines à diviser. Pire, ils sont aujourd'hui au service des ennemis de la démocratie.
Mediarama
5 min ⋅ 21/01/2025
Par Cyrille Frank, François Defossez, Samy Snider.
Bonjour les passionnés des médias,
Cette semaine, on fait un bilan assez dramatique des réseaux sociaux. Même si c’est surtout Twitter qui retient l’attention de tous, le risque est beaucoup plus global.
Bienvenue aux nouveaux abonnés de Ebra, La vie du rail, Du bruit au balcon, Jeune Afrique, Pyc Media, Bearideas etc. Merci à vous et à tous les autres fidèles lecteurs et lectrices !
Bonne lecture :)
[L’équipe Médiarama]
🔎 Les réseaux sociaux sont devenus dangereux pour la démocratie. Sur de nombreux plans.
[Par Cyrille Frank, directeur de la formation/transformation numérique]
De nombreux médias ont annoncé leur retrait de Twitter (voir plus bas), un réseau non seulement toxique, mais aussi un instrument politique et idéologique au service d’Elon Musk. En réalité, les réseaux sociaux dans leur ensemble sont devenus des outils de division qui menacent la démocratie. Voici pourquoi :
1. Prime aux contenus émotionnels qui nous divisent
Les algorithmes rétrécissent notre perception du réel par la mise en exergue des contenus les plus émotionnels, par motivation mercantile. Plus d’émotions, c’est en effet plus d’interactions, plus de clics et donc plus de revenus publicitaires.
Mais désormais c’est l'émotion négative, via les polémiques ou le "bad buzz", qui domine. Or, ces controverses favorisent la fragmentation sociale et la polarisation des opinions. C'est surtout vrai sur Twitter, véritable champ, de bataille idéologique de tous les lobbies, car très fréquenté par les journalistes.
2. Captation des revenus publicitaires
Depuis 15 ans, les géants du web récupèrent une part croissante de la valeur publicitaire (52% en 2022 et sans doute 65% à horizon 2030). Ceci constitue en soi un risque majeur pour nos démocraties qui ne peuvent financer l’information vérifiée et indépendante.
3. Théories du complot et fausses nouvelles
Les réseaux sociaux sont devenus les instruments de diffusion des théories du complot. Libérer la parole de tous, c’est aussi permettre aux inquiets et névrosés de répandre leurs angoisses et de se fédérer en communautés pour gagner en efficacité. 11 septembre 2001, Covid-19, dérèglement climatique… ce n’est pas un hasard : les grands moments de peur suscitent une multiplication des explications les plus folles.
4. Détournement idéologique et politique des réseaux
Le rachat en 2022 de Twitter par Elon Musk a fait basculer l'oiseau bleu du côté encore plus obscur.
Le milliardaire a supprimé la modération de Twitter et en commercialisé les certifications. Ce qui a littéralement dopé les désinformateurs et trolls en tout genre.
En 2024, il est entré en campagne pour Donald Trump et est devenu un super-propagateur de fake news. Durant la campagne, il a modifié l'algorithme de Twitter pour donner plus de visibilité à ses tweets et ceux soutenant le candidat républicain.
L'entrepreneur sud-africain s'est aussi immiscé début 2025 dans les élections allemandes en promouvant les néo-nazis de l'AfD en Allemagne. Il a aussi cherché à déstabiliser le Premier ministre anglais Keir Starmer en exhumant une affaire de trafic sexuel, vieille de plus de dix ans.
5. Manipulation géo-politique sur les plateformes
Il faut ajouter le rôle de plus en plus délétère des armées de trolls étrangers, russes, qataris, chinois, algériens. La guerre russo-ukrainienne a révélé la force de frappe du Kremlin qui dépense des milliards pour influencer les opinions publiques occidentales et déstabiliser les régimes démocratiques.
En décembre 2024, la Russie a tenté de truquer l'élection présidentielle en Roumanie, grâce notamment au réseau TikTok, soupçonné d’avoir collaboré avec le Kremlin.
Sans oublier très récemment les TikTokeurs algériens qui ont appelé à la violence sur le territoire français, contre les opposants au régime algérien, contre les juifs ou Israël.
6. Fragilisation mentale et abêtissement au long cours
Le tableau général de la toxicité des plateformes ne serait pas complet sans mentionner le risque lié aux maladies mentales. l'OMS a même publié des recommandations en la matière.
"De 2009 à 2019, la dépression chez les adolescents a doublé et le suicide est devenu l’une des principales causes de décès chez les jeunes âgés de 10 à 14 ans" précise Michael Stora, psychologue et auteur de " Réseaux sociaux : découvrez le côté obscur des algorithmes
Enfin, d’aucuns comparent l'abêtissement proposé aux jeunes adultes occidentaux aux contenus intelligents proposés aux jeunes Chinois via l'application locale Douyin. De là à imaginer une stratégie au long cours d'affaiblissement intellectuel de nos populations sur le long terme... il n’y a qu’un pas.
👉 Lire l’article complet sur médiaculture.fr
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📊 Les chiffres qui comptent
Projet de loi de finances 2025 : l'audiovisuel public voit son budget amputé de 80 millions d'euros. L'effort sera supporté surtout par France Télévisions (-43 millions d'euros) et Radio France (-8 millions d'euros). France Media Monde devra économiser 3 millions et l’INA, près d’un million. Voir le détail des coupes budgétaires.
Moins 60% de ventes au numéro pour la presse quotidienne nationale
Entre 2019 et 2023, les ventes au numéro de la PQN ont chuté de 60 % et celui de la presse régionale (PQR) de 36 %. L'érosion constatée sur la seule année 2023 est de 14 % pour la PQN et 11 % pour la PQR.
🎧 LinkedIn News : tâcher d’allier le meilleur de l’Humain à la machine
[Par François Defossez, Head of medias]
J’ai eu le plaisir de recevoir Sandrine Chauvin dans Médiarama. La directrice éditoriale internationale de LinkedIn News raconte les coulisses et évoque l’avenir de la plateforme qui réunit 225 journalistes de 16 pays.
Priorité à la vidéo : la vidéo verticale et les lives sont les formats qui génèrent le plus d’engagement sur la plateforme (plus 40% par rapport à tous les autres formats).
Un ciblage des messages : Les éditeurs peuvent choisir les publics précis auxquels ils vont diffuser leurs contenus, comme par exemple les RH ou la tech. Toucher les bonnes personnes au bon moment.
L’importance de l’Humain face à l’IA : mise en avant de productions de qualité, incarnées par des leaders d’opinion et des experts reconnus. Objectif : produire les contenus de qualité les plus personnalisés possible.
👉 Ecoutez le podcast entier (59 minutes)
🗞️ Du côté des médias
Le journal Les Échos réfléchit à l’arrêt de son édition papier
Ce, après La Voix du Nord, Le nouvel Obs ou Challenges
⭐ La bonne pratique :
En Slovénie, Casoris, média en ligne destiné aux enfants crée la prochaine génération de lecteurs. Il suscite pas loin de 30.000 visites par mois, en bonne part depuis les écoles du pays. Voici ses clés de réussite :
Un média gratuit financé par des ateliers et les subventions
Des contenus accessibles : phrases courtes et simples, un glossaire en fin d’article
Des formats attractifs via l’insertion de publications Instagram et de vidéos YouTube
Des choix pour éviter l’infobésité : un article approfondi par jour
Des sujets co-produits avec les jeunes lecteurs dont on sollicite l’avis et les témoignages
📱 Du côté des plateformes
Meta a accepté plus de 300.000 € de publicités du réseau de désinformation du Kremlin Doppelgänger
Instagram lance Edits : L’appli de montage vidéo qui défie CapCut
🤖 Et arriva l’IA…
Intelligence artificielle, travail et emploi, le CESE a adopté son étude
Chronique. L'auteur meurt-il une deuxième fois avec l'IA générative ?
29% d’adoption de l’IA aux Etats-Unis et au Canada, plutôt à la traîne
🔧 Ça peut vous aider
CFI, Reporters sans frontières (RSF), SINGA et la Maison des journalistes (MDJ) lancent la 2e promotion de Voix en Exil, un projet de soutien et d’accompagnement à Paris de journalistes et médias en exil.
🛍️ Le coin du partenaire
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Qu’il s’agisse d'œuvrer pour la santé mentale - grande Cause Nationale 2025 - de promouvoir le Pass Sport ou de lutter contre les violences faites aux enfants… le SIG et la société ont besoin de vous pour porter des messages qui ont du sens (et un vrai impact).
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