Cyrille Frank via Midjourney
Par Cyrille Frank, François Defossez, Samy Snider.
Bonjour les Médiaram’addicts,
Bonne année à toutes et tous ! Une nouvelle année qui s’annonce compliquée. Il faut bien se l’avouer : le contexte économique, politique et géopolitique n’est pas très réjouissant.
On reste en tout cas sur le pont pour tâcher de suivre et décrypter au mieux les tendances sociétales, économiques, éditoriales du secteur de l’information. Avec une passion et une motivation intactes.
Un grand merci à vous pour votre fidélité adamantine et bienvenue aux nouveaux abonnés de Marie-Claire, Le Monde, Le Figaro, Terre solidaire et tous les autres !
Bonne lecture :)
[L’équipe Médiarama]
🔎 2025 : ça va chahuter fort pour les médias. Petit guide de survie pour résistants de l’information
[Par Cyrille Frank, directeur de la formation/transformation numérique]
1. Ce n’est pas nouveau, les médias sont pris en étau par une chute de leurs revenus de tous les côtés : publicité, ventes, petites-annonces… Les abonnements numériques payants peinent à décoller sauf pour une poignée d‘éditeurs. Les géants du web récupèrent la majorité de la valeur publicitaire (52% en 2022 et sans doute 65% à horizon 2030).
2. Même si les médias audiovisuels s’en sortent plutôt bien en 2024, les plus grands gagnants de la croissance du display sont les acteurs du streaming et les broadcasters
3. La bataille pour l’attention est plus forte que jamais avec l’usage massif et croissant des plateformes vidéos et sociales, pour se divertir et de moins en moins s’informer. L’évitement informationnel est de plus en plus fréquent dans le monde (36% de la population selon Reuters). En France, 54% des personnes interrogées par la Fondation Jaurès se disent fatiguées par l’information)
4. Et cette concurrence sur les contenus va s’accentuer fortement en raison de l’IA générative qui automatise ou semi-automatise la production de textes, sons, vidéos. Nous entrons dans un cercle vicieux de surproduction éditoriale qui fait baisser le cours de chaque contenu (informatif ou pas).
5. Les accords des grands groupes avec les plateformes IA menacent le modèle économique et l’ indépendance sur le long terme de tous les médias. Bien entraînées, autonomes, ces IA pourraient bien proposer demain au public des réponses personnalisées sur leur matériel préféré et au format qu’ils préfèrent. Fini la répartition de la valeur par le trafic, et le lien direct avec son audience…
6. 2025 risque donc fort de se traduire par une “rationalisation des coûts”, doux euphémisme pour parler de concentrations et licenciements dans la presse. Certains milliardaires se lassent des pertes cumulées ici ou là par leur danseuse et réclament des économies.
7. Les manipulations de l’information explosent pour des raisons politiques et géopolitiques. La Russie, en particulier, ne lésine pas sur les moyens pour déstabiliser l’occident et encourager la discorde sociale, dans une guerre “hybride” qui rappelle les pires heures de la guerre froide. L’IA devient là aussi une menace grandissante via les fakes news de plus en plus réalistes.
8. Les Etats-Unis ne seront sans doute pas en reste, sous la férule du président Trump, adepte du mensonge à échelle industrielle. Il pourra compter sur l’arme X d’Elon Musk, qui participe à la désinformation manipulatoire. Et peut-être aussi sur TikTok, dont il semblerait qu’il souhaite abroger l’interdiction.
Alors, qu’est-ce qu’on fait docteur ?
👉 Pour passer cette période compliquée, les médias devront être plus utiles, cesser de produire ce qui a peu de valeur pour le lecteur, mutualiser les efforts entre médias à la fois dans la production et la commercialisation de leurs titres.
👉 Sur ce point, 2025 devrait voir l’émergence de plateformes d’abonnements groupés entre médias complémentaires. Pour aller chercher de nouveaux clients au-delà du plafond des 11% d’acheteurs nationaux.
👉 Ils devront aussi mettre le paquet sur la communauté, réserver de plus en plus leurs contenus à forte valeur ajoutée aux abonnés ou lecteurs connectés.
👉 Ils pourront s’inspirer du ton, des formats et de l’horizontalité des journalistes-influenceurs pour retisser ce lien avec les lecteurs.
👉 Ils n’hésiteront pas aller puiser des revenus partout où c’est possible : événementiel, e-commerce, opérations spéciales… En somme, ce que je recommandais déjà en 2024.
👉 L’Europe devra hausser le ton sur le plan juridique et sanctionner plus fermement les agressions informationnelles et les abus de position dominante des plateformes, comme le recommande le rapport issu des Etats Généraux de l’Information.
👉 Enfin, le citoyen devra être plus vigilant que jamais sur le prisme de déformation des messages : qui parle, pour quelle raison, avec quel objectif ? Une politique ambitieuse d’éducation aux médias serait la bienvenue, à l’échelle française ou européenne. On a le droit de rêver, non ? ^^
Et bonne année à tous ! 😘
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📊 Les chiffres qui comptent
47% des Français ont du mal à suivre les sujets d’actualité
Ce chiffre en hausse de 6% depuis deux ans est issu du dernier rapport de la fondation Jean Jaurès. Il explique en partie “l’exode informationnel”, le désintérêt croissant à l’égard de l’actualité. Autre raison invoquée : le sentiment d’impuissance face à des nouvelles angoissantes, la difficulté à suivre un rythme qui s’accélère, le manque de confiance en les médias…
Plus de 41% des programmes de la TNT sont de l’information
Actualité, magazine, documentaires… ce sont les programmes les plus fréquents sur l’ensemble des chaînes de la TNT, d’après ce rapport de l’Arcom (pdf)
6,5 milliards d’euros en 2024 pour le secteur de création sur Internet
Le secteur de l’influence et de la création sur internet a représenté en France près de 6,5 milliards € en 2024, selon une étude publiée par les organisateurs de la Paris Creators Week mi-décembre. Ce chiffre pourrait atteindre les 30 milliards € en 2031.
🎧 La FNPS : défendre la presse spécialisée et le papier
[Par François Defossez, Head of medias]
Jean-Christophe Raveau, président de la FNPS (Fédération Nationale de la Presse d’information spécialisée), est cette semaine dans Mediarama.
Les usages : la presse spécialisée est la première source d’information des professionnels (mais pas, que), elle se consomme avant tout sur le lieu de travail et ses lecteurs sont très attachés au format papier (archivage, confort de lecture, etc.). Elle est jugée crédible et fiable à 91% par ses lecteurs.
Les difficultés : charges croissantes sur l’imprimé (coût du papier en forte hausse, de l’énergie). Mais coût aussi du digital liée aux réglementations RGPD qui rend complexe la distribution, mauvaise redistribution des bénéfices par les plateformes…
Les enjeux : progresser sur le numérique, notamment via les newsletters qui sont très appréciées des lecteurs. Exercer un lobbying et une négociation auprès des GAFAM pour une juste répartition de la valeur.
👉 Ecouter l’émission dans son intégralité
🗞️ Du côté des médias
⭐ La bonne pratique
Hugo Décrypte : le format qui emporte tout sur son passage
Le jeune média propose une information produite par les jeunes, pour les jeunes. Le pari : réussir à parler d’informations sérieuses auprès des moins de 30 ans. Sa popularité croissante sur les réseaux sociaux témoigne d’un changement profond dans la manière de consommer l’information : sur Instagram, Hugo Décrypte rassemble près du double d’abonnés par rapport à Le Monde.
👉 Lire le comparatif détaillé entre les deux médias
📱 Du côté des plateformes
🛍️ Le coin du partenaire
Partenaires recherchés, médias audacieux bienvenus !
Vous êtes un média ou un éditeur avec une belle plume et un soupçon d’audace ? Parfait, le Service d’information du Gouvernement (SIG) vous attend pour imaginer des campagnes fortes et utiles.
Après des collaborations avec Décathlon (Pass Sport) ou la RATP (lutte contre les violences dans les transports), ils cherchent de partenaires créatifs pour des projets qui ont du sens (et un vrai impact).
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🤖 Et arriva l’IA…
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